Expérience d’écriture fascinante. Le théâtre, ce lieu magique ou les mots deviennent des êtres vivants, l’endroit où le texte échappe à l’auteur.

L'Emprise

Fred et Valérie sont mariés depuis un peu plus de 20 ans. En apparence, c'est un couple amoureux et soudé, tout semble se passer bien...


Lui, est gestionnaire de patrimoine et gagne très bien sa vie, elle, est professeure de français dans un prestigieux lycée parisien.

Arrive dans ce lycée une jeune prof, Virginie, qui se lie d'amitié avec Valérie.

Très vite la complicité des deux femmes intrigue puis agace Fred.

Valérie prend peu à peu conscience de l'emprise psychologique que son mari a sur elle. Elle se rend ainsi compte qu'il la dévalorise assez souvent, critiquant sa profession, ses amis, sa façon de faire et sa façon d'être. Il la critique en tant que professionnelle, en tant que femme, en tant qu'épouse et en tant que mère.


Valérie tente de reconquérir son mari, mais le fossé entre eux ne fait que s'agrandir, jusqu'au moment où elle ouvre complètement les yeux...


Auteur : Gilles la Carbona, Sabine Lenoël

Artistes : Sabine Lenoël, François Cognard

Metteur en scène : Mourad Berreni

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Critique de Gilles Costaz sur "L'Emprise".

Ah ! le beau couple qui dialogue dans son salon, entrecoupant les commentaires sur la journée écoulée ! Elle est prof de français dans un grand lycée ; lui gère des patrimoines. Ils sont heureux ; Valérie ne cesse de rendre hommage à son Fred qui l’a sortie des affres d’une mauvaise période. Mais Fred, tout charmant qu’il est, se donne un peu d’ascendant. Mais Fred, tout attentif qu’il soit, laisse voir quelques lézardes dans son amour de la famille (il n’aime pas beaucoup leur fils). Mais Fred, qui enveloppe si bien sa femme de douces prévenances, tend à régenter sa vie et à se méfier d’une nouvelle amie qui injecte un imprévu un air de liberté. Mais Fred, qui utilise les cadeaux comme un Canadair qui pare à l’incendie, préfère les cages bien fermées aux maisons bien ouvertes. Qui va exploser, le couple, la femme, le mari ?

Les deux auteurs, Gilles La Carbona et Sabine Lenoël, ont suivi les travaux de Marie-France Hirigoyen sur le harcèlement moral.

Heureusement, ce sont de vrais écrivains de théâtre. Avec fluidité, ils font couler les mots qui mènent aux doux malentendus et à l’irrémédiable dégradation d’un couple. Dans sa mise en scène, Mourad Berreni trace dans la subtilité et l’invisible les diagonales de la vie commune et de la mise à mort de l’amour. Sabine Lenoël joue elle-même la pièce qu’elle a co-écrite et incarne le personnage féminin avec un très joli sens du feuilleté des sentiments, des mots et des silences. François Cognard se charge de la partition masculine avec un art très sûr de la réserve, du secret, du conscient et de l’inconscient. Véronique Garin, dans une prestation furtive, amplifie la résonance féminine du texte. On peut penser et espérer que cette belle création discrète trouvera aujourd’hui et demain l’accueil que méritent les œuvres profondes et sans fracas.

Les deux auteurs, Gilles La Carbona et Sabine Lenoël, ont suivi les travaux de Marie-France Hirigoyen sur le harcèlement moral. Heureusement, ce sont de vrais écrivains de théâtre. Avec fluidité, ils font couler les mots qui mènent aux doux malentendus et à l’irrémédiable dégradation d’un couple. Dans sa mise en scène, Mourad Berreni trace dans la subtilité et l’invisible les diagonales de la vie commune et de la mise à mort de l’amour.

Gilles Costaz

Et maintenant ?

Une mère célibataire avec une enfant rencontre un homme qui tombe éperdument amoureux d'elle. Ils se marient.


Dix ans plus tard, elle dépose plainte pour violences conjugales. Cette histoire commence à l'instant où elle s'échappe du domicile conjugal.


Au travers des flash-back, surgit l'urgente nécessité de renaître, de se redresser. Elle doit alors faire face au miroir des souvenirs douloureux, affronter et surmonter ses doutes, ses peurs, ses faiblesses, ses hontes, sa culpabilité, son manque d'estime de soi... et le quotidien.


" Et maintenant... " commence là où le drame prend fin.


Auteurs : Gilles La Carbona, Eirin Forsberg

Artiste : Eirin Forsberg

Metteur en scène : Philippe Sollier

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Critique de Anne-Marie Joire-Noulens sur "Et maintenant..."

La comédienne est remarquable de finesse et de délicatesse. Tout arrive par petites touches, accompagnées du déni, du refus d'admettre autre chose qu'une colère passagère, d'autant que le mari se confond en excuses et jure ses grands dieux que cela ne se reproduira plus. Nous connaissons tous cet engrenage classique de la brutalité physique, à laquelle se joint la violence psychologique. C'est un sujet mille fois traité, mais ici, aucun pathos. Le tact mêlé à la fois de gentillesse et de naïveté de la comédienne nous fait comprendre combien il est facile de se laisser piéger et harassant de s'en sortir.


La violence psychologique est également finement analysée. Au début, elle préfère banaliser les choses pour mieux les appréhender. Puis, petit à petit, elle prend tout à son compte, s'auto-flagellant, persuadée que si lui est ainsi, c'est de sa faute à elle. C'est le parcours bien connu du conte de fée qui se transforme en enfer de coups et d'insultes.


La comédienne nous raconte sa trajectoire d'une voix claire et légère comme si cela pouvait contribuer à alléger sa peine. De plus, elle a un léger accent étranger qui la rend touchante et plus féminine (elle est d'origine norvégienne).

On aborde sans tabou tout ce que la violence détruit, et en premier lieu les enfants dont il faut sauvegarder la jeunesse avec tendresse, à qui on ne dit jamais de mal du père, à qui il faut donner des explications positives.


La mise en scène épurée renforce la consistance du texte et met en valeur le jeu de la comédienne.

La comédienne nous offre un spectacle tout au long duquel elle refuse de se laisser abattre, même lorsqu'elle est complètement en vrac, ne serait-ce que pour ses enfants. Elle raconte son histoire avec humour, une certaine drôlerie même dans la tristesse. Ce parcours du combattant est touchant, plein de tendresse.

Gilles La Carbona est un auteur de romans. Ici, il a dû retranscrire les pensées d'Eirin Forsberg pour être au plus près de ses émotions. Il a collaboré à cette écriture à quatre mains sans jamais s'imposer et en respectant le ressenti de la comédienne.

Anne-Marie Joire-Noulens